Buire on Federico, 'Citoyenneté et participation politique en Afrique du Sud'

Author: 
Veronica Federico
Reviewer: 
Chloé Buire

Veronica Federico. Citoyenneté et participation politique en Afrique du Sud. Paris: l'Harmattan, DL 2012. 1 vol. (385 pp.). ISBN 978-2-296-99208-5.

Reviewed by Chloé Buire (University of the Witwatersrand) Published on H-SAfrica (February, 2014) Commissioned by Elisabeth Peyroux

La nouvelle sphère publique sud-africaine : du cadre constitutionnel aux représentations populaires

L’ouvrage de Veronica Federico publié en 2012 chez L’Harmattan est le produit d’un doctorat de sociologie réalisé à l’Ecole Nationale des Hautes Etudes en Sciences Sociales entre 1998 et 2005. Le livre interroge les transformations politiques en Afrique du Sud depuis la fin de l’apartheid. Comment dépasser les divisions du passé pour donner du cœur et du corps à ce qui est communément appelé « la Nouvelle Afrique du Sud » ? La question est commune à tous les travaux de sociologie politique consacrés à ce pays depuis le début des années 1990 mais le livre de Federico vient plus précisément compléter la littérature francophone qui reste encore relativement éparse sur le sujet. L’auteure entend ainsi analyser le « processus de reconstruction d’un nouvel espace politique commun et d’un nouveau lien social capable de gérer la mosaïque sud-africaine » à partir d’une double enquête sur le sens de la citoyenneté (p. 11). La première partie du livre propose une analyse de droit constitutionnel pour déterminer la définition juridique actuelle de la citoyenneté en Afrique du Sud tandis que la deuxième partie se concentre sur l’appropriation de ces principes abstraits par les habitants de Thokoza, un ancien township situé à une trentaine de kilomètres du centre-ville de Johannesburg.

D’une part, l’auteure analyse donc les textes législatifs et les comptes-rendus des négociations de l’assemblée constituante de la période 1991-96 pour mettre en évidence les bases du statut juridique de citoyen (première partie intitulée : « Citoyenneté, droits et devoirs »). D’autre part, elle interroge la construction d’une communauté politique au quotidien à partir d’un travail d’immersion ethnographique (deuxième et troisième parties intitulées : « Des lois aux pratiques quotidiennes » et « L’ubiquité du politique »). Elle entend ainsi articuler « le moment juridique » (« c’est-à-dire la reconnaissance d’une citoyenneté commune à toute la population … riche de droits et de devoirs », p. 47) et « le moment politique » (« c’est-à-dire la construction d’un espace public nouveau, commun, démocratique », p. 47). Ce double effort est très ambitieux et l’auteure ne répond sans doute pas à toutes les questions qu’elle pose, mais dans l’ensemble, le livre fournit un état des lieux général assez complet sur la question de la transition démocratique au début des années 2000 en Afrique du Sud. Il complète ainsi la littérature existante en français sur ce pays, qui ne comptait pas encore de synthèse sur les aspects socio-juridiques de cette période. On peut simplement regretter que le livre n’ait été publié qu’en 2012, dix ans après les enquêtes de terrain réalisées par l’auteure. La question du passage « de l’éthique du combattant [contre l’apartheid] à l’éthique du citoyen » (p. 269) est en effet un grand classique des travaux consacrés l’Afrique du Sud depuis maintenant presque vingt ans mais de nouvelles questions se posent désormais. L’émergence de tensions socio-politiques depuis le début des années 2010 a remis en cause certains principes adoptés dix ans plus tôt. La provision de services de base pour tous, la quête d’une redistribution plus juste et même la promotion d’une société non raciale et non ethnique sont loin de se concrétiser. La dénonciation de ces promesses non tenues et la perception d’une corruption à la hausse nourrissent de nouveaux travaux sur la question de la citoyenneté absents du texte;[1]  ainsi que l’auteure le reconnaît elle-même, il est d’ailleurs peut-être impossible de publier un ouvrage exhaustif sur des phénomènes politiques si récents et qui occasionnent des transformations si rapides alors que « l’histoire est train de se faire » (history in the making) (p. 11).

Pour comprendre les enjeux des négociations qui ont mené au démantèlement de la législation d’apartheid et aux élections libres de 1994, Federico commence par rappeler les grands enjeux théoriques liés à la notion de citoyenneté. Citant des classiques à la fois en anglais, en français et en italien, tels que Jürgen Habermas, Benedict Anderson, Pierre Rosanvallon ou Giovanni Sartori, elle choisit d’adopter une « conception dynamique de la citoyenneté » permettant d’englober la dimension à la fois statutaire (« la reconnaissance de garanties juridiques au sein d’une unité politique »), identitaire (le « sentiment d’appartenance à une collectivité ») et pratique (« l’exercice » par lequel les citoyens peuvent « participer à la vie politique de leur communauté ») (pp. 59, 51). Cette discussion théorique permet à l’auteure de s’attaquer à la principale question concernant la démocratisation sud-africaine jusqu’à aujourd’hui : Comment réconcilier deux objectifs a priori opposés ; à savoir, la reconnaissance d’une part d’une citoyenneté universelle capable de rompre les anciennes divisions raciales (tradition dite « libérale » fondée sur l’idéal républicain de « transcendance des différences par le politique », p. 65), et la reconnaissance d’autre part, d’une citoyenneté différenciée à même de redresser les injustices par un traitement différencié des inégalités (tradition qualifiée de « communautarienne » ou « cosmopolite » par l’auteure) ? Il s’agit d’un débat crucial[2] pour le devenir de l’Afrique du Sud et l’ensemble de la première partie montre comment il s’est traduit concrètement dans les négociations de la période 1990-96. Quatre chapitres entiers sont ainsi consacrés à l’exposé des différentes conceptions de la citoyenneté qui se sont succédé et / ou opposé dans l’histoire de l’Afrique du Sud depuis le modèle du British Subject imposé par la domination coloniale britannique jusqu’à la Constitution de 1996 en passant par les tâtonnements législatifs de l’apartheid tentant notamment de dissocier nationalité et citoyenneté avec l’instauration des bantoustans. Le point central de cet exposé est la présentation de la Constitution intérimaire de 1993, qui, selon l’auteure, constitue la véritable naissance d’un nouvel imaginaire de la citoyenneté mettant fin à l’apartheid. Federico montre que les principes constitutionnels énoncés dans ce document instaurent le compromis sur lequel se fonde l’Afrique du Sud d’aujourd’hui. La Constitution de 1993 permet ainsi non seulement de faire passer le corps électoral « de 6 millions à 22 millions d’électeurs » mais plus fondamentalement, elle a la capacité « à absorber et à « civiliser » des conflits politiques qui semblaient vraiment irréconciliables » (pp. 106, 111). Ce document ouvre ainsi la voix à la dépolitisation du principe d’autodétermination des peuples, « renvoyé au culturel » et rend alors impossible les modèles d’Etats fédéraux défendus par certains partis politiques.

La première partie de l’ouvrage réalise donc un travail remarquable degénéalogie du modèle de citoyenneté aujourd’hui déployé en Afrique du Sud. L’écriture mêlant débats théoriques sur les fondements juridiques et observations pratiques concernant la réalité des négociations politiques est particulièrement réussie et met à jour des dynamiques souvent méconnues. La forte centralisation de l’Etat sud-africain se trouve par exemple habilement expliquée en montrant comment, au-delà du parti-pris idéologique propre à l’ANC (African National Congress) qui a réussi à remporter les négociations, des raisons de pragmatisme politique ont également affaibli les échelles locales et provinciales pendant les années de transition. Un autre point important soulevé dans cette partie a trait à la place des étrangers dans la Nouvelle Afrique du Sud. Federico montre que les tensions xénophobes actuelles étaient déjà latentes dans les débats de cette époque. La précision des termes juridiques est ici intéressante. L’auteure note que la formule « chacun » au lieu de « chaque citoyen » employée par le Bill of Rights pour désigner les titulaires des droits « implique qu’en principe les droits reconnus sont garantis à tous ceux qui résident dans le pays, fussent-ils ou elles citoyens et citoyennes sud-africains et sud-africaines ou pas » (p. 149). Mais elle démontre clairement que cette vision universaliste a été largement contredite par les acteurs politiques dès les débats de l’assemblée constituante où des prises de position ouvertement xénophobes résonnent clairement avec certains discours actuels.

La mobilisation d’un appareillage théorique varié, le minutieux travail d’archive dans les notes de l’assemblée constituante et un souci permanent de ne pas enfermer la notion de citoyenneté dans une définition statique déconnectée des réalités locales font de cette première partie un document important pour la littérature francophone sur l’Afrique du Sud. Le reste de l’ouvrage est plus inégal et peine parfois à s’articuler aux soigneuses délimitations théoriques précédentes.

Dans la deuxième et la troisième parties, l’auteure entend compléter la citoyenneté en tant que « statut juridique » à partir des « pratiques et perceptions quotidiennes » des habitants de Thokoza. L’exposé approfondi de réalités de terrain doit ainsi montrer « le processus continu d’invention et de réinvention d’un espace politique reconnu comme légitime par tous ceux qui y jouent un rôle » (p. 172). La démarche est ambitieuse et le travail de terrain constitue un effort particulièrement appréciable dans le contexte de Thokoza, un township du sud-est de Johannesburg souvent réduit au fait d’avoir été le théâtre d’un conflit urbain sanglant au début des années 1990. Connues à travers toute l’Afrique du Sud comme « la guerre des township » ou « la guerre de l’East Rand », ces années d’affrontements urbains mêlant luttes pour les ressources urbaines, conflits ethniques et instrumentalisations politiques sont simplement appelées « la violence » par les habitants de Thokoza. Federico montre que « la violence » continue à être au cœur des identités citadines locales aujourd’hui, ce qui fait du cas de Thokoza un cas à la fois extrême et exemplaire des défis que doit affronter l’Afrique du Sud pour rendre effective la paix, la démocratie et la réconciliation proclamées sur le plan juridique.

Pour pénétrer la complexité des constructions identitaires de Thokoza, l’auteure explique dans l’introduction qu’elle a passé beaucoup de temps dans le quartier et réalisé soixante-dix-huit entretiens. Elle raconte par petites touches son engagement personnel et sa familiarité avec les lieux et les gens du township et récuse d’emblée la possibilité de présenter « une recherche « neutre » ou « objective » qui présente des données qui peuvent faire abstraction de la personne qui les a récoltées » (p. 28). Cette réflexivité sur la démarche ethnographique est fort appréciable mais peine pourtant à influencer l’écriture à un niveau plus général. Le texte reste souvent assez distant par rapport aux personnes rencontrées qui ne sont que rarement identifiées individuellement mais sont plus généralement citées comme une seule voix anonyme venue du terrain. Il n’existe par exemple pas d’annexe récapitulant la liste de ces entretiens.

Le principal point faible tient donc au manque de matériel ethnographique de première main présenté dans le texte. La deuxième partie ne compte pas une seule photographie pour représenter la réalité matérielle des paysages décrits par l’auteure et le lecteur peine à réellement visualiser l’environnement quotidien de Thokoza. L’iconographie se limite à trois cartes sans titre ni légende qui n’aident pas tellement à comprendre la distinction entre les rues uniformes du township, les blocs des hostels (logements construits sous l’apartheid pour les travailleurs dits « migrants ») et les cabanes du quartier informel de Phola Park, distinction qui est pourtant selon l’auteure au cœur de « la violence ». La troisième partie aurait pu également présenter des photographies ou des documents originaux récoltés sur le terrain pour présenter les réunions publiques ou les discours électoraux discutés dans le texte. Au niveau du matériel récolté à travers les entretiens, les retranscriptions, bien que nombreuses dans les derniers chapitres, sont fortement décontextualisées puisque dans la plupart des cas l’on ne sait pas si la personne citée est un homme ou une femme, jeune ou âgée, résidente de quelle partie du township, etc. Ces informations auraient permis de reconstruire en partie la familiarité revendiquée par l’auteure auprès de ses interlocuteurs. Elles auraient également ouvert la possibilité de faire émerger un niveau de discours direct, perceptible par le lecteur en complément de ce qui est dit par l’auteure.

Au-delà de cette critique générale, qui doit être nuancée par le fait que l’auteure n’écrit pas dans sa langue natale, l’ouvrage réalise un patient travail d’analyse d’une réalité de terrain complexe à l’aune de débats théoriques particulièrement délicats. La deuxième partie se concentre sur la question des « identités » et la troisième partie sur celle « du politique ». La distinction entre les deux n’est d’ailleurs par toujours clairement expliquée et ces deux parties fonctionnent comme un tout où les chapitres se répondent les uns aux autres. La complexité des questions est telle que le résultat final est moins une démonstration linéaire qu’une accumulation impressionniste de commentaires tout à fait pertinents sur ce qui nourrit la citoyenneté au quotidien.

Le chapitre 3 de la seconde partie tente à lui seul de régler quatre questions majeures. Pour comprendre ce que signifie « être Sud-Africain à Thokoza », l’auteure décompose le rôle des critères d’âge, de race, d’ethnie et de classe sociale. Elle montre un soin particulier pour éviter de considérer ces catégories comme des cases hermétiques définies a priori et s’appuie à la fois sur les données statistiques, la presse sud-africaine et les discours des habitants pour évaluer la signification de ces caractéristiques sociales dans l’imaginaire identitaire de Thokoza. Federico opte pour une vue panoramique fort utile de quatre grands débats qui marquent le début des années 2000 . Elle aborde ainsi en premier lieu la question de la dépolitisation des jeunes : S’agit-il d’un désintérêt pour le politique ou d’une reformulation de ce qui est politique avec l’inclusion de thématiques sociales nouvelles, comme le SIDA ou le chômage ? Dans un deuxième temps, la question de la déracialisation des représentations sociales est abordée : alors que la rhétorique politique insiste sur l’idée d’une « nation arc-en-ciel », le « race thinking » continue à dominer les rapports quotidiens. Le troisième débat concerne la pertinence des catégories ethniques : l’auteure assure que « se reconnaître Sotho ou Zulu semble être encore important au niveau de l’individu singulier, mais n’a fondamentalement aucune implication dans la vie familiale et relationnelle » (p. 237). Enfin la quatrième question est celle de l’émergence d’une « bourgeoisie noire », à partir du changement de comportements électoraux traduisant la défense d’intérêts de classe dans un système capitaliste.

Quelques pages seulement sont consacrées à chacune de ces questions ce qui ne permet pas un approfondissement très poussé et laisse le lecteur sur sa faim quant à la définition même de termes tels que « race », « bourgeoisie » ou « dépolitisation ». La conclusion apportée par le chapitre 4 pose toutefois les bases d’une lecture alternative possiblement synthétique autour de la notion de « communauté ». La référence à la community est omniprésente dans les discours locaux. Traduire « community » par « communauté » est un choix discutable tant les termes sont connotés différemment en anglais et en français. Alors qu’en anglais « community » renvoie d’abord à un groupe d’habitants sur un territoire particulier, « communauté » est entaché en français de l’idée d’un repli dit « communautariste ». Une fois cette nuance précisée, l’on appréciera donc que l’auteure choisit le terme « communauté » pour intégrer la dimension territoriale qui unit le groupe social, un point crucial dans le contexte des villes sud-africaines si puissamment organisées par l’ingénierie social de l’urbanisme d’apartheid. En consacrant la dernière partie du livre aux rouages politiques qui donnent corps à « la communauté » de Thokoza, Federico étend ainsi son univers théorique au-delà des catégories sociologiques plus classiques de classes ou de races pour prenre en compte les catégories utilisées par les habitants eux-mêmes (« community »).

La dernière partie part d’une définition du politique, « plus inclusive », « plus étendue » et « aux frontières plus poreuses » que celle de la politique (p. 253). Federico fait ainsi l’hypothèse optimiste d’un « changement profond » et d’une « transformation radicale de la conception du politique ». Elle affirme que « l’absence de transformations remarquables de la qualité de la vie à Thokoza n’interdit pas aux habitants interviewés d’identifier la nouveauté de l’ère démocratique et d’en apprécier entièrement les implications et les enjeux » (p. 256). Cette affirmation aurait été plus convaincante si une liste précise des interviewés accompagnait le texte mais elle est ensuite déclinée à travers trois débats audacieux qui ouvrent des perspectives originales sur la notion de citoyenneté.

Le premier débat concerne l’articulation entre citoyenneté, civilité et civisme dans ce que l’auteure appelle assez génériquement « la vie publique à Thokoza ». La distinction conceptuelle proposée n’est pas très claire mais les enjeux auxquels elle renvoie sont primordiaux : Comment les nouveaux citoyens de Thokoza articulent-ils les droits et devoirs politiques (le vote, les assemblées publiques, la grève) aux droits et devoirs socio-économiques (« préoccupation pour les biens communs et les lieux publics », p. 271) ? Federico cite de nombreux entretiens affirmant que « les gens ici ne sont pas de bons citoyens » (p. 265) et dénonçant « les actes de vandalisme » (p. 267) qui l’amènent à affirmer qu’à Thokoza, « l’appartenance à la communauté politique » est bien mieux acquise que ce qu’elle appelle « le zèle du citoyen », « le civisme » ou « le sens d’obligation civile ». Ces commentaires sont précieux pour alerter sur la complexité de la définition de la citoyenneté mais restent malheureusement épars et peu étayés par des situations ethnographiques concrètes.

Le deuxième débat regarde les différentes formes de learderships qui alimentent la vie politique locale. Des portraits de différents politiciens montrent la coexistence de formes de légitimités distinctes entre d’une part « la légitimation charismatique », gagnée sur le terrain et reposant principalement sur la personnalité du leader et d’autre part celle, dite « démocratique », acquise par les urnes et renvoyant à la loyauté au parti plus qu’à un individu. Cette discussion est originale et continue à être explorée dans les travaux actuels consacrés à l’Afrique du Sud. Elle se prolonge dans la discussion plus classique des rapports directs avec le gouvernement et en particulier dans celle des comportements électoraux à travers l’analyse des tendances électorales entre 1994 et 2005.

Le dernier débat se concentre sur la question de la société civile et de son indépendance plus ou moins pertinente face à la sphère politique. Là encore, l’auteure s’attaque à une problématique majeure et extrêmement complexe : Que deviennent aujourd’hui les associations locales « de survie » et « de résistance » nées dans le contexte de la lutte contre l’apartheid ? Les enjeux sociaux actuels sont-ils moins politisés qu’autrefois ? Les associations sont-elles instrumentalisées par les partis politiques ? Ces questions ne trouvent pas de réponse définitive dans l’ouvrage qui préfère souligner la porosité des réalités entre « société civile » et « société politique ». Ce débat a toutefois été largement prolongé aujourd’hui et l’on peut regretter que la bibliographie plus récente sur la question n’ait pas été mobilisée.

Pour conclure, Citoyenneté et participation politique en Afrique du Sud constitue un ouvrage important pour le public francophone souhaitant avoir une vue générale des débats socio-politiques qui ont accompagné la transition de la fin des années 1990 en Afrique du Sud. Il faut prendre une certaine distance par rapport aux références mobilisées qui reflètent des approches parfois légèrement datées mais il faut surtout saluer l’exercice réalisé qui, en articulant le terrain et la théorie parvient à identifier les grands axes de réflexion pour le futur de l’Afrique du Sud, y compris des questions qui étaient à l’époque peu développées et sont aujourd’hui cruciales telles que la question de l’intégration des étrangers et de la xénophobie ou la question plus théorique de construction de nouvelles théories de la citoyenneté non plus en dialogue avec les modèles occidentaux mais à partir des réalités complexes des Suds.

Notes 

[1]. Voir Richard Ballard, Adam Habib, et Imraan Valodia, Voices of Protest: Social Movements in Post-apartheid South Africa (Scottsville: University of KwaZulu-Natal Press, 2006); et Claire Bénit-Gbaffou and Laurence Piper, « Party Politics, the Poor and the City: Reflections from the South African Case, » Geoforum 43, no. 2 (March 2012): 173-177, doi:10.1016/j.geoforum.2012.01.001.

[2]. Pour se limiter à quelques auteurs particulièrement influents dans la sphère publique sud-africaine cites par l’auteure, on mentionnera Hermann Giliomee, Roger Southall, Tom Lodge ou Steven Friedman. Hermann Giliomee, From Apartheid to Nation-building (Oxford: Oxford University Press, 1989) ou Hermann Giliomee et Charles Simkins, The Awkward Embrace: One-Party Domination and Democracy (New York: Routledge, 1999); Roger Southall, Opposition and Democracy in South Africa(London: Frank Cass Publishers, 2001); Tom Lodge, Politics in South Africa: From Mandela to Mbeki (Cape Town: David Philip Publishers, 2002); et Steven Friedman, « Agreeing to Differ: African Democracy, Its Obstacle and Prospects, » Social Research 66, no. 3 (Fall 1999): 825-58.

Printable Version: http://www.h-net.org/reviews/showpdf.php?id=40735

Citation: Chloé Buire. Review of Federico, Veronica, Citoyenneté et participation politique en Afrique du Sud. H-SAfrica, H-Net Reviews. February, 2014. URL: http://www.h-net.org/reviews/showrev.php?id=40735

This work is licensed under a Creative Commons Attribution-Noncommercial-No Derivative Works 3.0 United States License.